Comment évaluer la valeur d’une agence digitale ?

EBITDA, récurrence, marge, dépendance client : apprenez à évaluer la valeur réelle d’une agence digitale avant de l’acheter.

Créé le
15
Nov
.
2025
Mis à jour le
16
Nov
.
2025
À propos de l'auteur

Racheter une agence digitale, ce n’est pas seulement acheter un portefeuille client.

C’est acquérir une machine de croissance, un capital humain et un modèle économique.

Encore faut-il savoir en estimer la valeur réelle - au-delà des chiffres affichés !

Cat la valeur d'une agence ne réside pas que (et finalement assez rarement) dans son seul EBIDTA.

Canaux d'acquisition, offres, récurrence, dépendance aux fondateurs...

Voici comment les repreneurs et investisseurs professionnels évaluent une agence digitale avant acquisition.

Sommaire :

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Pourquoi la valorisation d’une agence digitale ne ressemble à aucune autre

La valorisation d’une agence digitale échappe aux modèles classiques d’évaluation d’entreprise.

Une agence n’est pas une usine ni une start-up technologique : c’est un actif hybride, à la frontière entre savoir-faire humain, revenus récurrents et capital relationnel.

Sa valeur dépend autant de ce qui est mesurable — chiffre d’affaires, marge, EBITDA — que de ce qui ne l’est pas : stabilité de l’équipe, qualité des process, fidélité des clients, canaux d'acquisition, réputation dans son écosystème...

Deux agences au même chiffre d’affaires peuvent donc afficher des valorisations radicalement différentes.

Une structure fortement récurrente, bien processée et autonome vis-à-vis de son fondateur sera valorisée bien plus haut qu’une agence “artisanale” centrée sur quelques gros clients ou un profil clé.

À cela s’ajoute la spécificité du marché digital, en pleine consolidation : les multiples évoluent vite selon la spécialisation (SEO, Paid, Branding, Dev, 360°) et la maturité du modèle.

Premier point clé : la valorisation d’une agence digitale ne se calcule pas, elle se comprend !

Les 3 dimensions à analyser avant toute valorisation

Avant de parler de multiples, il faut comprendre ce que l’on évalue vraiment.

Deux agences peuvent présenter un même niveau de chiffre d’affaires, mais avoir des valeurs radicalement différentes si leurs fondations ne reposent pas sur les mêmes piliers.

Une bonne évaluation repose toujours sur trois dimensions : financière, opérationnelle et commerciale.

1. Dimension financière : la solidité du modèle

C’est le point de départ de toute valorisation.

On analyse ici la rentabilité réelle de l’agence :

  • évolution du chiffre d’affaires sur les trois derniers exercices,
  • répartition des charges (salaires, freelances, sous-traitance),
  • marge brute et marge nette,
  • capacité à générer du cash (EBITDA ajusté).

Une rentabilité stable, même modeste, vaut toujours mieux qu’une croissance explosive mais volatile.

Enjeu clé : mesurer la solidité économique et la qualité du profit.

2. Dimension opérationnelle : la capacité à se transmettre

Une agence digitale tire sa valeur de ses équipes et de ses process.

En tant que repreneur vous devez donc évaluer :

  • la structure et la séniorité de l’équipe,
  • le taux de turnover,
  • la dépendance au fondateur,
  • la présence (ou non) de procédures documentées et d’outils de pilotage.

Une agence bien organisée, capable de fonctionner sans son dirigeant, se valorise naturellement plus haut.

Enjeu clé : estimer la pérennité du savoir-faire et la facilité de transmission.

3. Dimension commerciale : la prévisibilité du chiffre d’affaires

Et c’est souvent le facteur décisif.

La valeur d’une agence dépend directement de la récurrence et de la diversification de ses revenus :

  • part de contrats récurrents (SEO, maintenance, gestion de campagnes, développement, etc.),
  • durée moyenne des engagements,
  • dépendance à un ou deux clients majeurs,
  • canaux d’acquisition et notoriété de la marque.

Une agence qui a su stabiliser ses revenus sur des contrats mensuels ou annuels inspire confiance — et justifie un multiple supérieur.

Enjeu clé : évaluer la visibilité du business et le risque de volatilité.

En combinant ces trois dimensions, vous obtenez une lecture complète : financièrement saine, opérationnellement stable, et commercialement prévisible.

Et c’est sur cette base que se construit toute valorisation sérieuse.

EBITDA, marge, récurrence : les 3 indicateurs clés avant d’acheter une agence

Vous l'avez désormais compris, cuand on évalue une agence digitale, il ne suffit pas de regarder le chiffre d’affaires.

La vraie lecture repose sur trois indicateurs fondamentaux : l’EBITDA, la marge et la récurrence.

Ce sont eux qui traduisent la performance réelle et la stabilité du modèle — donc sa valeur.

L’EBITDA : la base de toute valorisation

L’EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) mesure la rentabilité opérationnelle de l’agence.
C’est le point de départ de la plupart des valorisations : le multiple appliqué (x2, x3, x4…) repose sur ce résultat retraité.

Mais l’EBITDA “brut” ne dit pas tout.

Avant d’être fiable, il doit être nettoyé :

  • ajustement du salaire du fondateur (à un niveau de marché),
  • suppression des charges non récurrentes (voyages, dépenses personnelles, événements),
  • neutralisation des contrats ponctuels atypiques.

Ce qui compte, c’est l’EBITDA normalisé : celui qui reflète la performance durable de l’agence, indépendamment de son dirigeant actuel.

La marge : la qualité du revenu

Toutes les agences ne génèrent pas les mêmes marges.

Une marge brute supérieure à 50 % traduit un vrai pricing power et une maîtrise du delivery.

À l’inverse, une marge qui s’effrite indique souvent :

  • une dépendance excessive à la sous-traitance,
  • un positionnement mal valorisé,
  • ou une perte de rentabilité due à la hausse des coûts salariaux.

Pour un investisseur, la marge n’est pas qu’un chiffre : c’est un indicateur de contrôle du business model.

Une agence qui maîtrise ses coûts et vend au bon prix se transmet mieux et se gère plus sereinement.

La récurrence : le cœur de la valeur

La récurrence du chiffre d’affaires est sans doute le levier le plus puissant de valorisation.

Une agence dont 60 % des revenus proviennent d’abonnements, de campagnes mensuelles ou de contrats de maintenance inspire confiance :

  • elle a une visibilité sur ses revenus,
  • elle amortit mieux les périodes creuses,
  • elle sécurise le repreneur dès le premier jour.

Chaque 10 points de récurrence supplémentaires peuvent justifier +0,5x de multiple sur la valorisation.

En résumé :

  • L’EBITDA mesure la rentabilité,
  • la marge traduit la solidité du modèle,
  • la récurrence garantit la prévisibilité.

Trois indicateurs simples, mais qui séparent les agences “solides” des agences “fragiles”.

Et donc les bons deals des risques masqués.

L’approche Dotmarket : valorisation par multiples ajustés

Chez Dotmarket, chaque agence digitale publiée sur la plateforme est auditéе, retraitée et comparée à des références sectorielles.

L’objectif : déterminer une valorisation réaliste, transparente et soutenable, qui reflète à la fois la rentabilité réelle et le profil de risque de l’agence.

La méthode repose sur deux piliers :

  1. Un EBITDA ou EBE normalisé, qui représente le résultat opérationnel après retraitement des anomalies comptables.
  2. Un multiple ajusté, appliqué selon le niveau de récurrence, la structure d’équipe et la dépendance client.

Benchmarks Dotmarket : tendances 2025

Chez DotMmarket, nous analysons plusieurs dizaines d’opérations de cession d’agences digitales chaque année en France, Suisse et Belgique.

Ces données permettent de dégager des tendances claires sur les multiples observés, les profils les plus recherchés, et les écarts de valorisation selon la stabilité du modèle.

Les multiples moyens par typologie d’agence

Les multiples les plus élevés se concentrent sur les modèles récurrents et scalables : SEO, Paid, marketing automation, ou data analytics.

Exemple concret

Deux agences affichent un EBITDA identique de 200 000 €.

  • L’une a 70 % de revenus récurrents, une équipe stable et un fondateur peu impliqué → valorisation x3,5 = 700 000 €.
  • L’autre dépend d’un seul gros client et du fondateur pour la vente → valorisation x2 = 400 000 €.

Même rentabilité, mais écart de valeur de 75 %.

L’approche Dotmarket privilégie la transparence et la comparabilité : chaque dossier est retraité, documenté et aligné sur les standards du M&A digital.

Les facteurs qui expliquent les écarts

  • Récurrence : +0,5 à +1 point de multiple si le portefeuille client est récurrent à plus de 50 %.
  • Autonomie RH : +0,5x si le fondateur est peu impliqué dans la production.
  • Dépendance client : -0,5 à -1x si un seul client pèse plus de 30 % du CA.
  • Positionnement clair / niche identifiable : +0,5x en moyenne.
  • Croissance stable (>10 %/an) : valorisation supérieure à 3x l’EBITDA dans la majorité des cas.

Les agences les plus valorisées ne sont pas forcément les plus grosses — mais les plus prévisibles.

Les tendances 2025 - 2026

Voici que nous observons et prédisons pour la période à venir :

  1. Hausse de la demande sur les micro-agences expertes : les repreneurs ciblent des structures entre 300 K€ et 800 K€ de CA, avec une équipe compacte mais rentable. Ces profils offrent un bon rapport stabilité / valorisation.
  2. Valorisation à la baisse des agences “360°” : les agences généralistes voient leurs multiples se tasser : trop de concurrence, marges sous pression, et peu de différenciation.
  3. Prime aux modèles hybrides : les agences combinant prestations + produits SaaS (audit tools, dashboards, automation) bénéficient d’un multiple supérieur, entre x3,5 et x5, selon la part de revenu logiciel.
  4. Poids croissant du facteur humain : les investisseurs prêtent de plus en plus attention à la culture d’équipe et au turnover, désormais considérés comme indicateurs de stabilité à long terme.

Concrètement : en 2025-2026, la valeur d’une agence ne se joue plus sur la taille de son portefeuille, mais sur la qualité et la pérennité de ses revenus.

Les retraitements financiers à vérifier avant une offre

Une évaluation sérieuse d’agence digitale repose toujours sur un EBITDA ou EBE retraité.

Autrement dit : un résultat ajusté pour refléter la performance économique réelle de l’entreprise, indépendamment du style de gestion du fondateur.

Chez Dotmarket, chaque dossier d’agence est retraité avant publication afin d’offrir une base comparable entre structures.

Voici les ajustements les plus fréquents à effectuer (ou à exiger) avant de formuler une offre d’achat.

1. Rémunération du fondateur

De nombreuses agences affichent un résultat artificiellement élevé parce que le dirigeant se verse un salaire très faible ou des dividendes irréguliers.
Lors du retraitement, sa rémunération est réévaluée au niveau de marché correspondant à son rôle opérationnel (directeur d’agence, chef de projet senior, etc.).

💡 Exemple : un fondateur payé 30 000 €/an alors qu’un directeur équivalent en coûterait 70 000 € → +40 000 € à déduire de l’EBITDA.

2. Dépenses personnelles ou non récurrentes

Formations, déplacements, matériel non lié à l’activité, événements d’équipe ponctuels :
ces dépenses doivent être isolées et neutralisées.
Elles ne reflètent pas la rentabilité structurelle de l’agence et ne doivent pas influencer la valorisation.

3. Projets exceptionnels ou contrats one-shot

Une refonte web majeure ou une campagne unique peuvent générer une marge inhabituelle sur un exercice.
Ces revenus exceptionnels doivent être lissés sur 12 à 24 mois pour éviter une survalorisation temporaire.

4. Sous-traitance déguisée ou externalisation excessive

Certaines agences s’appuient sur un réseau de freelances ou de prestataires qui remplacent des salariés absents.
Le coût de cette sous-traitance doit être retraité pour simuler une structure interne standardisée, plus représentative d’une gestion normale.

5. Charges manquantes ou sous-estimées

Outils SaaS non comptabilisés, futurs recrutements déjà décidés, frais d’hébergement ou d’abonnement omis…
Tous ces éléments doivent être ajoutés pour reconstituer une vision économique complète et durable.

L’objectif de ces retraitements n’est pas de gonfler ou réduire artificiellement les résultats, mais d’obtenir une photographie sincère de la rentabilité récurrente — la seule base fiable pour discuter d’un multiple.

Ce qui fait chuter la valeur d’une agence (et comment y remédier)

Toutes les agences ne se valent pas — et certaines, malgré de bons chiffres, voient leur valeur s’effondrer dès qu’on creuse leur structure.

Ces fragilités ne rendent pas un deal impossible, mais elles doivent être identifiées, mesurées et intégrées dans la négociation.

Les causes les plus fréquentes de dévalorisation

1. Dépendance client

Quand plus de 25 à 30 % du chiffre d’affaires dépend d’un seul compte, le risque est immédiat.
Un départ client = perte directe de valeur.

2. Présence excessive du fondateur

Si le fondateur concentre la vente, la production ou la relation client, la transmission devient risquée.
La valeur baisse proportionnellement à son rôle central.

3. Sous-traitance non maîtrisée

Une marge élevée peut masquer une réalité fragile : trop de freelances, peu de contrôle, pas de continuité.
Les marges “volatiles” effraient les investisseurs.

4. Absence de contrats formalisés

Une agence sans contrats ou avec des accords tacites repose sur la confiance, pas sur des engagements.
Cela fait chuter la valeur et complique le financement bancaire.

5. Comptabilité confuse ou retraitements lourds

Des comptes non clairs, une absence de reporting par client ou par canal sont synonymes de risque.
L’investisseur doit alors retraiter lui-même, donc décoter.

6. Positionnement flou

Une “agence 360°” qui fait tout pour tout le monde se vend moins bien qu’une agence experte, identifiable et différenciante.

Une valorisation ne punit pas une faiblesse : elle corrige un risque.

Comment y remédier (ou ajuster son offre en conséquence) ?

Pour un vendeur, ces points sont des axes d’amélioration avant la cession.

Pour un acheteur, ce sont des leviers de négociation — à objectiver dans la due diligence.

Les solutions les plus courantes que nous observons et recommandons :

  • Formaliser les contrats clients sur 12 mois minimum.
  • Documenter les process et redistribuer les rôles clés.
  • Intégrer plus de prestations récurrentes (maintenance, gestion, reporting).
  • Réduire la dépendance au fondateur via un accompagnement post-acquisition.
  • Clarifier le positionnement et les offres.

Un deal bien structuré est souvent celui où les faiblesses ont été anticipées, chiffrées et intégrées dans le prix.

Sécuriser son acquisition d’agence digitale

Estimer correctement la valeur d’une agence digitale n’est qu’une première étape.

La vraie réussite d’un rachat dépend de la sécurisation de la transaction : valider la solidité du portefeuille client, la fiabilité des chiffres et la cohésion de l’équipe après reprise.

Avant toute signature, vous devrez donc :

  • vérifier la récurrence réelle du chiffre d’affaires (contrats, renouvellements, dépendances),
  • analyser la structure RH (rôles clés, séniorité, stabilité),
  • tester la robustesse du modèle via des scénarios de stress (perte client, baisse marge),
  • et structurer le deal intelligemment (earn-out, clause de non-concurrence, accompagnement du fondateur).

Ces étapes ne visent pas à freiner le process, mais à garantir que la valeur estimée se maintienne après le closing.

Une agence bien valorisée peut devenir un mauvais investissement si la transmission est mal préparée.

Découvrez notre guide dédié pour aller plus loin : Due diligence et sécurisation d’un rachat d’agence digitale

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